A la rencontre de
A la rencontre des « Two Wooden Stones »

A l’occasion de la sortie de leur nouveau titre « Walk On » , Shinymen a organisé une cyber rencontre avec Shélhôm, le vocaliste des Two Wooden Stones, afin de vous faire découvrir leur monde, plein d’amour, de musique et de passion…
Shinymen : L’intro de my funerals était impressionnante même si je n’ai pas compris les paroles, la mélodie reste toutefois puissante… Combien de temps penses-tu que ça me prendrait pour pouvoir chanter ça à mon tour ? (rires)
Shélhôm : C’est un peu normal que tu n’ais pas compris les paroles…il n’y en a pas! C’est l’un de ces passages durant lesquels je me permets d’improviser et sans paroles définies, je me sens plus libre d’exprimer les sentiments du moment, en utilisant la voix comme un instrument pur. Pour le temps que ça te prendrait de chanter comme ça… Tu ne pourras pas. La voix est une signature, propre à chacun(e). De toute façon, il ne sert à rien de vouloir chanter comme untel ou untel. Comme pour le corps, il n’y a pas de belle voix ou de voix laide. Il y a une mécanique sublime dès le départ. Libre à toi de de l’accepter, de l’incarner, d’en faire ton chez toi ou pas. Tom Waits, Bob Dylan, Janis Joplin, même Nina Simone….leur voix sont tellement „imparfaites“ (pour les canons esthétiques musicaux modernes) mais tellement pleines d’âme. C’est ça chanter: apprendre à habiter une maison bancale.
Shinymen : Two Wooden Stones, parlez-nous du genre musical que vous produisez et de ses influences ?
Shélhôm : Je crois que c’est toujours très compliqué pour un artiste de se définir. L’intérêt de faire quelque chose d’artistique, c’est justement de ne pas analyser. Quand on commence à analyser, on perd rapidement la flamme et on finit par bricoler quelque chose qui pourrait plaire aux autres. Avec le groupe, on essaie de faire quelque chose qui nous plaît d’abord à nous et on se dit que si on le fait avec plaisir, le public suivra. Bien sûr, on ne réinvente rien avec notre musique et nos influences sont nombreuses: du Blues aux Songwriters tels que Nick Drake et David Eugene Edwards, en passant par Jeff Buckley et les musiques traditionnelles du Monde. Mais c’est sans trop réfléchir. Notre fil rouge est qu’on reste un maximum sur les instruments acoustiques. Certains nous mettent dans la case „Freak-Folk“ (même si je ne sais toujours pas ce que ça veut dire) mais le „genre musical“ n’est pas vraiment clair. Et c’est mieux ainsi quand on ne veut pas se limiter.
Shinymen : J’ai remarqué que durant vos concerts vous n’hésitez pas à faire participer votre public à vos chansons, et je me suis toujours demandé si c’était préparé à l’avance ou totalement spontané ?
Shélhôm : Ça dépend du public. Parfois la mayonnaise prend et on sait à quel moment on peut faire chanter les gens pour partager un moment d’exception. Parfois, l’ambiance n’est pas la meilleure et on fait le show nous-même. Cette alchimie est impossible à prévoir et c’est pour cela qu’entrer sur scène est toujours aussi excitant. Un véritable défi.
Shinymen : Chaque artiste a probablement un message à communiquer à travers sa musique, quel est le vôtre ?
Shélhôm : Nous n’avons pas de cheval de bataille particulier. Encore une fois, nous fuyons les cases. Certains de nos textes sont politisés. D’autres totalement métaphoriques. J’aime à penser que les gens qui viennent nous voir jouer sur scène, le font pour s’évader un peu de leur quotidien. Pour se défouler ou vibrer à d’autres fréquences que la journée qu’ils viennent de passer. Disons que notre dernier album Looking for the Light est particulièrement universaliste. C’est le fruit d’une réflexion mystique, philosophique et parfois transcendantaliste sur ce que nous cherchons tous (du moins, je l’espère), la Lumière. Pour moi, la réponse, c’est le partage. C’est pourquoi on ne se cache jamais en coulisses après les concerts, on aime passer du temps avec notre public.
Shinymen : Vous vous appelez Two Wooden Stones et votre premier album est au nom de « A Genesis » qui veut dire genèse, êtes vous donc des amoureux de la nature ?
Shélhôm : Bien sûr, on en fait tous partie!
Shinymen : Shélhôm, je vais peut être paraître un peu indiscrète mais je sais que nous avons tous un élément déclencheur, quel était le tien ? Je veux dire qu’est ce qui t’a poussé à quitter la France pour l’Allemagne et devenir musicien?
Shélhôm : Je suis venu en Allemagne il y a bientôt 7 ans pour une femme. J’y suis resté pour mon groupe qui est devenu comme une nouvelle famille pour moi. Tout cela m’a paru très naturel et a toujours été très spontané. On joue toujours avec les cartes qu’on a en mains sur le moment. Devenir musicien a suivi le même processus. Cela m’a pris du temps d’ailleurs de me rendre compte que je pouvais être „utile“ ou en tous cas que je pouvais apporter du plaisir à mes semblables via la musique. Comme je viens d’une famille non-musicienne, cette aptitude est peu à peu devenue une évidence. Mes parents et mon frère m’ont vraiment soutenu dans cette voie mais de mon côté, j’ai eu très souvent des doutes quant à ma crédibilité à être sur scène. Bien entendu, il y a eu des moments forts qui m’ont fait me rendre compte que „Ca y est, je suis enfin devenu ce que je devais être“. Comme le dit l’adage: „C’est en forgeant qu’on devient forgeron“ mais en vérité, je ne pense pas qu’on devienne quoi que ce soit, que l’on arrive où que ce soit dans la vie („arriver“, c’est s’arrêter. C’est l’anti-vie), c’est d’ailleurs pour cela qu’on continue d’avancer et d’expérimenter.
Shinymen : Vous avez voyagé un peu partout et avez donné des concerts dans plusieurs pays différents, parlez nous de cette expérience, et du public que vous avez rencontré dans toutes ces villes ?
Shélhôm : On a pas mal voyagé pour un groupe allemand, c’est vrai. En tous cas, en dehors de l’Europe et nous avons eu la chance de faire 2 tournées en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. J’ai pris tout cela très à cœur car j’ai toujours eu une fascination pour les musiques des pays que nous avons visités (le Maroc, la Tunisie, la Jordanie, le Liban, L’Egypte, Dubai, la Turquie). Passages brefs, comme pour chaque musicien en tournée mais tout de même, nous avons fait tellement de belles rencontres, loin du marasme de nos médias mainstream (en France comme en Allemagne) qui font toujours leur soupe pour les intérêts économiques du moment et font l’amalgame sur beaucoup de choses concernant ces régions du Monde. Par exemple, j’ai découvert qu’apprendre un peu d’arabe au Maroc, m’a très peu servi par la suite, dans les autres pays. Les dialectes étaient tellement différents. Et c’est sans parler de la diversité des architectures, des artistes, des mœurs, des paysages… Les médias d’ici parlent du „Monde Arabe“ comme d’un bloc…C’est comme de parler du „Monde Occidental“. Ce sont des raccourcis pratiques et simplistes pour les économistes et les fauteurs de guerres mais en tant qu’“Occidental“ je ne me sens ni Américain, ni Hollandais et pour avoir vécu et fait de mon mieux pour m’intégrer en Ecosse et maintenant en Allemagne, je peux vous dire que, quoi que je fasse, quelque chose dans mon coeur reste et sera toujours Français. Voilà, parmi tous les pays cités dans lesquels nous avons joué, nous avons rencontré des gens de tous âges, très ouverts d’esprit, accueillants et avides de partager les richesses de leur culture ancestrale ou underground avec nous. Le public était génial et très enthousiaste (certains connaissaient déjà les paroles de nos chansons!). Et au fil des conversations, les fins de soirées ont toujours du mal à se terminer. Rien à dire, nous avons pris une grosse claque culturelle. Magique.
Shinymen : Les labels ne manquent pas et pourtant vous auto-produisez vos titres vous-mêmes, pourquoi ?
Shélhôm : Bah, le premier album était comme un défi. Un rêve de gamin: faire un album! Comme nous avons eu la chance de rencontrer notre pianiste Torsten Schroth et qu’il a un studio (Proton Studio), il nous a enregistré pour presque rien. Et puis en fait, un deuxième album a suivi et nous avons reçu le soutien de Louna Sbou de Tune Sisters et de l’équipe de Kick the Flame, ici à Leipzig, pour le produire. Des gens passionnés, en fait. Que demander de plus? Et puis, ce n’est pas si facile de trouver un label de nos jours. Avec la prolifération d’émissions telles que „La Nouvelle Star“ et des télé réalités, tout le monde veut chanter, tout le monde est artiste. Au final, sans parler du niveau de qualité et d’honnêteté de ces émissions…Le milieu de la production musicale est complètement saturé. Des majors on pris contact avec nous mais comme on veut prendre le temps de comprendre les rouages du business de la musique, pour ne pas être pressés comme des citrons (la logique malheureusement trop répandue du „on te prend – on l’exploite le temps d’un ou deux albums – on te jette“), on a gentiment refusé l’invitation. On reprendra peut-être contact un jour, si on se sent prêt. Mon objectif, c’est de continuer à faire la musique qui me plaît. Je ne serai peut-être jamais riche en pensant ainsi…tant pis. Mon rêve n’a pas de prix.
Shinymen : Quel est le conseil que vous pourriez donner à ceux dont le rêve est de devenir musicien mais qui, faute de temps ou de moyens, hésitent encore ?
Shélhôm : Le temps n’existe pas. C’est une notion qu’on crée nous-même au regard de ce qui bouge dans ce Monde, une simple unité de mesure. Quand on le souhaite, le temps, on le fait. Même chose pour les moyens: ils sont labiles. Être musicien n’est pas une finalité en soi. Si je n’avais pas de guitare, je chanterais (c’est gratuit, ça!), et si je ne pouvais pas chanter, j’écrirais ou trouverais une autre voie pour m’exprimer. En fait, bien plus que du temps, de l’argent et des bonnes conditions pour jouer de la musique, etc… C’est de la flamme dont on a besoin pour créer, suer, crier de joie et de tristesse nos petites vies. Sans elle, toute excuse est bonne pour ne rien faire du tout. Allez, Allez, Messieurs, Dames ! De la musique, de la charpente, de la poésie, des mathématiques, du jardinage, du pain, des enfants…peu importe ! On fait ! Et on le fait avec Amour et Passion ! On n’hésite pas!
Shinymen : Y’aura-t-il du nouveau pour Two Wooden Stones durant l’année 2016 ?
Shélhôm : Je suis en pleine écriture d’un troisième album et comme je suis perfectionniste, je prends mon temps. Mais bon, il faudra bien qu’il sorte un jour, le petit…
En attendant « le petit », il ne me reste plus qu’à vous conseiller l’une des musiques les plus motivantes qu’il ne m’est jamais venu d’écouter, j’irai même jusqu’à l’appeler la chanson du lundi matin. Walk on des Two Wooden Stones, le remède ultime contre les coups de blues !
(appuyez sur l’image pour écouter la chanson)